
Les influenceurs, ce grand mot/maux de notre époque ! Ils existent dans tous les domaines, dans tous les milieux et pullulent comme les moustiques autour d’un point d’eau. Dans le cas des jeux vidéo, la frontière est parfois assez perméable entre la presse spécialisée et les influenceurs. Ce qui est sans doute moins vrai pour d’autres loisirs et disciplines artistiques. Depuis quelques années, les influenceurs et la presse soufflent le chaud et le froid sur la réputation d’un jeu, d’un studio et d’une licence. Pour autant, peut-on vraiment se fier à leurs avis ? Sont-ils toujours les professionnels qu’ils affirment être ? Le joueur doit-il prendre leurs informations pour argent comptant ?
Influenceur, influvoleur : c’est quoi ?
La définition d’influenceur dans le Larousse est la suivante :
Personne qui, en raison de sa popularité et de son expertise dans un domaine donné (mode, par exemple), est capable d’influencer les pratiques de consommation des internautes par les idées qu’elle diffuse sur un blog ou tout autre support interactif (forum, réseau social, etc.).
L’influenceur est donc celui qui par son statut oriente les schémas de pensée et de consommation d’autres personnes. Il y a de ce fait, un lien hiérarchique qui s’opère. A l’instar du Youtuber ou du streamer, l’influenceur possède souvent sa propre communauté. Les membres qui la constituent peuvent aller du simple sympathisant au véritable fanatique. Le sentiment d’appartenance est d’autant plus grand que les réseaux se multiplient. Ainsi, une personnalité du web aura souvent sa chaîne YouTube, son discord, son compte X, Instagram… Celles et ceux qui le suivent se retrouvent sur les différents supports et ont tendance à pratiquer l’entre-soi numérique.
Suite à la campagne médiatique de Booba contre Magali Berdah et les « influvoleurs », la loi a évolué pour encadrer les pratiques frauduleuses. Rappelons qu’avant cette réforme législative, il était possible de promouvoir les médecines parallèles douteuses. Ainsi que l’abstention de soins, la chirurgie esthétique sans encadrement, les produits à base de nicotine ou encore faire de la promotion dissimulée…
Que dit la loi ?
La loi du 9 juin 2023 propose une définition juridique claire du terme influenceur :
Les personnes physiques ou morales qui, à titre onéreux, mobilisent leur notoriété auprès de leur audience pour communiquer au public, par voie électronique, des contenus visant à faire la promotion, directement ou indirectement, de biens, de services ou d’une cause quelconque exercent l’activité d’influence commerciale par voie électronique.
À présent, les influenceurs ont l’obligation de signaler sur leurs réseaux le caractère commercial de leurs publications. Cette mesure de transparence des lobbies et des informations vise à protéger les utilisateurs plus jeunes et les personnes vulnérables. Plus globalement, elle remet en perspective la parole de celui qui influence et son objectivité. Il y a souvent des conflits d’intérêts puisque les partenariats promotionnels ne sont pas énoncés. Il y a malheureusement eu beaucoup de personnes arnaquées sur les réseaux sociaux, avant que la pratique ne soit encadrée.
Les influenceurs dans le monde des jeux vidéo
Il existe une multitude de profils d’influenceurs dans le domaine des jeux vidéo. Pour des raisons de pertinence, nous ne retiendrons que les cinq grandes tendances qui se dessinent :
- Les « gamefluenceurs » : à savoir d’anciens joueurs haut niveau, qui sont devenus streamers/casteurs. Ils sont reconnus pour leurs compétences et leur expertise. C’est le cas d’un Gotaga, d’un Ninja, d’un Shroud, d’une Kayane…
- Les influenceurs « showmen » : ils ont orienté originellement leur contenu sur du pur divertissement vidéoludique, font figure de pionniers et vont toujours plus loin dans l’organisation de grands événements. Parmi eux, on trouvera un Squeezie, un Zerator, un MisterMV…
- Les influenceurs « journalistes » : qu’ils soient d’anciens rédacteurs sur des sites dédiés ou des journalistes, rédacteurs toujours en fonction. Ils couvrent les événements, les sorties et les tests liés à la tech et au gaming. Parmi eux, nous retrouvons des Julien Chieze, Tom Warren, Julien Tellouck, Critix, Maxime Chao, Geoff Keighley…
- Les influenceurs « spécialistes » : de par leur métier, ils appartiennent au milieu des jeux vidéo . Il peut s’agir de développeurs, de vendeurs spécialisés, de Community Managers… Citons ainsi, Rémi Oukrat, Aymar Azaïza, Hugues Ouvrard, Gyo…
- Les influenceurs « passionnés » : c’est un peu monsieur et madame tout le monde, des gens qui n’ont pas d’expertise particulière dans le domaine mais sont de véritables passionnés. À ce titre, ils peuvent parfois être dévoués spécifiquement à une marque de constructeur, de licence ou de genre de jeux. C’est le cas d’Edouard EMB, Mister Pixel, Mando, GoldenGeek, Klobrille…
Le problème des influenceurs journalistes et des passionnés
Les « gamefluenceurs » et les « showmen » ne sont pas problématiques dans le traitement de l’information et son impartialité. Leur contenu et leurs positions sont totalement tournés vers le divertissement. Ils sont loin des guerres de consoles et de l’instrumentalisation des actualités pour orienter l’opinion publique. Néanmoins, ces deux types d’influenceurs pouvaient abuser des publications commerciales dissimulées (du moins avant la sortie de loi de juin 2023) et inciter indirectement à l’achat de jeux ou de matériel gaming. Les « spécialistes » ont une approche rationnelle et factuelle de l’information. Ils sont généralement attachés à donner des analyses de chiffres, de choix techniques ou des explications de stratégie.
En fait, ce sont essentiellement les influenceurs « journalistes » et « passionnés » qui nuisent gravement au traitement du média jeux vidéo et désinforment régulièrement le grand public. Si cela peut se comprendre chez les « passionnés », il n’en reste pas moins qu’il n’y a, bien souvent, aucune mention d’un parti pris affiché. C’est un peu comme si un influenceur jv ne traitait que des informations positives d’Ubisoft sans aucune mention des affaires de harcèlement. Le tout sans faire savoir qu’il est Star Player (un membre de la communauté Ubisoft reconnu pour son implication). Un Mister PXL l’affiche à demi-mot « pour partager principalement (pas que) l’actualité PlayStation » . Un bon début, même si cela manque tout de même d’impartialité dans le traitement des informations parce que le parti pris pour Sony est évident.
Entendons-nous, un site et un particulier peuvent totalement choisir de mettre en avant un constructeur ou un studio. Mais, la moindre des choses, c’est le spécifier noir sur blanc.
Les influenceurs journalistes de la honte
Ce ne sont pas les influenceurs passionnés qui sont les plus critiquables. En revanche, tous ceux qui sont affiliés à un webzine spécialisé ou à un site dédié, eux devraient être irréprochables. Un rédacteur n’est pas un journaliste, même s’il est reconnu comme tel en possédant une carte de presse. C’est pourtant deux métiers totalement différents. Un journaliste français, un vrai, fait une école de journalisme avec un niveau licence jusqu’au master (bac+3 à bac+5). Dans ces écoles, universités et grands établissements, on y apprend notamment la déontologie, la pratique de l’enquête, la vérification des sources… Des compétences qui manquent cruellement aujourd’hui à nos « journalistes jeux vidéo ». Il suffit de clamer avoir des « sources en interne » ou des « sources bien placées » pour propager des rumeurs infondées et des « leaks » douteux. À des années-lumière de ce qui est attendu par des professionnels et des gens qui se déclarent comme tels.
Le cas Julien Chieze
Julien Chieze, ancien rédacteur de Playstation Magazine et animateur sur la chaîne Game One, fonde le site spécialisé Gameblog. Depuis 2017, il s’est tourné vers YouTube et les réseaux sociaux pour traiter de l’actualité des jeux vidéo ainsi que des grands événements associés. Il fait aujourd’hui figure de référence pour le grand public et les chaînes traditionnelles. Seulement, Julien Chieze a des méthodes qui sont controversées et décriées, à juste titre. Il lui sera souvent reproché d’être partial, intellectuellement malhonnête et de faire appel au buzz pour vendre. Très peu de gens savent qu’en 2011, Julien a créé son entreprise « mono-personnel » Spootnix, dont les spécialités sont la communication et l’événementiel dans les jeux vidéo (fermée en 2013).
L’émission Arrêt sur images du 30 novembre 2012 s’interroge sur l’indépendance de la presse spécialisée dans les jeux vidéo. L’émission titrait « journalistes vendus ? ». Le thème exact était le suivant : « Dans quelles conditions travaillent les journalistes de jeu vidéo et peut-on leur faire confiance ? ». Pour se donner la réplique sur le plateau, Daniel Schneidermann recevait 4 grands noms : Gaël Fouquet de Gamekult, Julien Chieze de Gameblog, Usul de JVC, Ivan Gaudé de Canard PC.
En présentant Julien Chieze, Schneidermann donnera une précision qui en dit déjà long sur le mélange des genres : « auto-entreprise avec laquelle vous vendez vos prestations à un certain nombre de fabricants ». Plus tard, Usul lui demandera : « Tu ne te définis pas comme journaliste? ». Réponse de l’intéressé « Ah non, non ». En 2024, beaucoup ont déjà oublié.
Cette émission fait d’ailleurs suite au « Doritos Gate » de novembre 2012, moment gênant où Geoff Keighley faisait la pub de Halo 4 tout en mettant en avant d’autres produits comme Doritos et Moutain Dew. Le tout sans mention spécifique d’une quelconque promotion commerciale. Le même Geoff Keighley qui anime et organise maintenant le Summer Game Fest… Conflits d’intérêts, bonjour !
Générer de l’argent à tout prix !
Concrètement, pourquoi Julien Chieze est-il souvent décrié ? D’abord parce qu’il répand des rumeurs, sur la base de « j’ai mes sources ». Des rumeurs les 3/4 du temps fausses et qui ont un impact important sur le grand public. Très récemment, c’était le cas avec la Switch 2 ou encore « la venue de Starfield sur PS5 ». Ce sont toujours des certitudes énoncées. Loin de reconnaître ses erreurs, Julien Chieze ne s’excuse jamais. Il justifie son traitement des rumeurs en le comparant au « mercato » du foot. L’ennui, c’est que le journalisme ce n’est ni Closer, ni Gala. Le traitement de l’actualité ne doit pas dépendre du nombre de vues que fera une bad news ou un bad buzz. Ni d’une vignette au titre largement putaclic. Si elle est abordée, une rumeur doit être traitée et montrée comme hypothétique avec des guillemets et des pincettes.
Julien n’a aucune remise critique de son travail et il fait taire à coup de bannissement punitif tous ceux qui ne penseraient pas comme lui. Sur X, les blocages vont loin. Vous pouvez ne jamais avoir eu d’interactions avec lui et finir bloqué. Pourquoi ? Parce que si vous suivez quelqu’un qu’il n’apprécie pas et a lui-même blacklisté, vous le serez par extension. Julien se prête à crier au harcèlement face à toute critique remettant en cause son professionnalisme et ses méthodes. Il existe une faible minorité de haineux qui passe son temps à l’insulter mais ce n’est pas la majorité. Et surtout, c’est un phénomène valable pour toute personnalité sur les réseaux sociaux. Ce qui est inquiétant en revanche, c’est cette absence de liberté de parole et la façon dont la réalité est biaisée.
Je te bloque !
Par exemple, lors de la dernière communication de Xbox, Julien a réalisé un sondage. Les principaux votants sont des joueurs PS et/ou des fans absolus de sa communauté. Forcément, puisque tous les joueurs Xbox régulièrement malmenés par le « ménestrel » ont tous fini bloqués. Et même, les twittos neutres quant à la guerre des consoles, sont bloqués du moment qu’ils appelaient ce cher Julien à la retenue. Le ménestrel joue de l’argument dangereux que tous ceux qui le contredisent sont des fanboys Xbox, des harceleurs ou des haineux. Ironique lorsque l’on voit qu’une partie de sa communauté, souvent constituée de fanatiques, est la première à venir harceler… D’ailleurs, sur X, les gens affichent régulièrement leur succès déverrouillé : être bloqué par le « journaliste français ».
Il y aurait encore fort à dire sur Julien Chieze, comme sa proximité presque dérangeante avec Kojima, où les limites entre admiration et fanboyisme sont assez ténues… Ce traitement de l’information selon les appréciations personnelles, avec une accroche putaclic, est malheureusement de plus en plus courant dans la presse spécialisée.
Des rumeurs, des leaks et des titres putaclic !
Bienvenue à la presse JV 2.0, celle qui court après les vues et les chiffres. Oui, le temps c’est de l’argent. Alors, s’il est possible de faire du buzz rapidement sur des informations non vérifiées, non sourcées, qui reposent sur du vent… Pourquoi s’en priver ?
Reprenons l’arlésienne de la Switch, depuis 2018, nous avons le droit tous les ans à des articles de tous les gros sites sur la sortie « d’une Switch 2 » ou « d’une Switch pro 4K ». Chacun y va de son petit titre « Nintendo Switch : La rumeur d’une nouvelle version ressurgit » chez JVC en 2020. Plus, récemment, Gameblog titrait « Nintendo Switch : la console serait déjà morte à cause de la Switch 2 » en 2023. Cela a même finit par arriver jusqu’aux sites comme L’éclaireur Fnac « Une Nintendo Switch 4K en 2019 ? ».
« Oui, mais un jour, ça se confirmera » c’est l’argument souvent énoncé par les principaux relais des rumeurs. À l’instar des horoscopes, certaines choses finissent forcément par se produire. Il y aura une nouvelle console PS et une nouvelle console Xbox. Ce sera la prochaine next gen. Cette évidence ne donne pas corps à une rumeur et ne la vérifie pas. La sortie d’un nouveau hardware est une certitude pour tous les constructeurs. En revanche, c’est bien différent de lui donner des caractéristiques précises et une sortie datée, sur la base du néant.
Avant la sortie de la Swich en 2017, on pouvait lire qu’elle serait la plus puissante sur le marché, mettant à l’amende les consoles concurrentes. Bien évidemment, cela s’est avéré faux. Outre le fait de véhiculer de des informations trompeuses, la presse spécialisée induit en erreur les consommateurs moins aux faits des actualités. Des gens vont se précipiter suite à des vidéos d’influenceurs ou des articles mal sourcés, pour revendre, demander un jeu ou un support qui n’existe pas !
De la Switch à la chute de Xbox, les influenceurs aux aguets !
Prenons le cas bien caractéristique du traitement de la rumeur Xbox. Celle-ci annonçait « tous les jeux Xbox sur PS, même Starfield ». Le ménestrel était d’ailleurs en tête de file, sourire jubilatoire aux lèvres pour la répandre. Du côté, américain, Tom Warren, journaliste The Verge, est un parfait exemple du mal actuel. Il affirmait sans demi-mesure la venue de Starfield sur PS. Phil Spencer a tranché officiellement et a clairement dit qu’il ne fallait pas attendre Starfield et Indiana Jones ailleurs. Mais, les « journalistes » et influenceurs continuent à dire à tue-tête que cela arrivera. On est au-delà de la rumeur. \ ce stade, c’est un combat idéologique.
À l ‘inverse quant le PDG Sony Hiroki Totoki annonce noir sur blanc la venue de jeux multiplaformes (sans détailler clairement lesquelles), il y a eu très peu de couvertures sur le sujet. Point de titres catastrophés et apocalyptiques comme on a pu en lire du côté Xbox. Mention spéciale à Xboxygen qui glisse méchamment sa ligne éditoriale vers le putaclic : « Consoles Xbox et jeux physiques : Phil Spencer s’exprime et ça sent la fin », « Jeux Xbox sur PS5 ? C’est officiel, Microsoft annonce une prise de parole bientôt ! », « Starfield et Indiana Jones sur PS5 ! De sérieuses rumeurs enflamment la toile ! », « D’autres jeux Xbox chez Nintendo et Playstation ? Une source confirme ». Nul besoin d’ennemis quand vous avez un tel ami. Malheureusement pour vendre, Xboxygen s’est tourné vers une politique buzz et guerre des consoles inversée.
« Stop aux exclusivités consoles » mais visiblement que si c’est à sens unique …
Plus généralement, les titres abordant les sujets relatifs à Xbox sont bien souvent péjoratifs et négatifs. Pour un même fait, le traitement par la presse diffèrera selon le constructeur qui est en face. Ce qui est fortement dommage puisqu’elle entretient volontairement une guerre des consoles où elle choisit son favori. Ce n’est pas ce que l’on attend de professionnels censés analyser, enquêter et décortiquer les faits en lien avec les jeux vidéo. Petit florilège des titres de jeuxvideo.com : « »Nous soutenons le support physique » Après la vague de rumeurs inquiétantes, Xbox essaie toujours de rassurer les joueurs », « Xbox a du mal à suivre le rythme de ses concurrents, l’écart se creuse ! », « Face au PS Plus, Microsoft révèle les chiffres de son Xbox Game Pass… qui sont à la fois rassurants et inquiétants ».
Pourtant, si on fait le point financier entre Sony et Microsoft Xbox, la vente de consoles n’est pas synonyme de bénéfices… Au contraire, à en juger les résultats financiers. Voyez-vous des titres catastrophiques sur la perte des valeurs Sony et la baisse historique des marges ? Google a révélé que Starfield faisait partie des 5 jeux les plus recherchés de 2023… L’insistance des comparaisons avec Starfield pour tout et n’importe quoi, la redondance des articles et tweets assassins, même plusieurs mois après, prend alors tout son sens. Le nom fait des vues et fait vendre. Business is business !
Et les leaks ?
Que dire de l’hypocrisie sur les leaks ? Récemment, Insoniac a subi une cyberattaque avec une demande de rançon. N’ayant pas eu la réponse attendue, les pirates ont alors tout dévoilé. De nombreux sites et « journalistes » ont alors déclaré qu’il ne fallait pas les traiter, que cela devait remettre en question la pratique du partage des leaks et éviter ainsi d’ajouter du tort à Insomniac. En soi, la démarche est constructive. Elle devrait être systématiquement généralisée à TOUS les leaks.
Les leaks de GTA VI en 2022-2023 ont largement été traités, comme ceux pour la GTA Trilogy. Et même dernièrement, le trailer de GTA VI a lui même été avancé pour éviter des spoilers intempestifs. Contre le pirate de 18 ans, « Rockstar Games a déclaré au tribunal que le piratage lui avait coûté 5 millions de dollars et des milliers d’heures de travail. » (Midi Libre)
Outre les vols avec rançon, tous les E3 modernes étaient plombés par des leaks, ces fuites largement diffusées et relayées par la presse. Quid dans ce cas du respect du travail des studios ? Quid de leur révélation publique volée avec les années d’attente à la clef ?
IGN, maison mère, un cas d’école !
IGN, auparavant appelé Imagine Games Network, existe depuis 1996. Avec son site internet faisant figure de pionnier dans le traitement des jeux vidéo, IGN n’a développé une branche française que très tardivement.
« Les partenaires titulaires de licence IGN dans d’autres territoires à travers le monde peuvent proposer des versions traduites de ces critiques, mais également proposer leurs propres opinions du personnel local qui peuvent différer de celles exploitées sur notre site en langue anglaise » peut-on lire sur le site officiel.
Une chance pour nous !
IGN France est plutôt en retrait par rapport à IGN originel, dans le sens où le site va plutôt faire des omissions d’actualité. Rien de bien méchant lorsque l’on compare avec la version anglo-saxonne. En effet, IGN a une politique agressive sur les réseaux sociaux comme sur X !
« Les notes de révision ne sont en aucun cas influencées par autre chose que nos propres opinions sur la qualité du produit en question. » IGN
Du côté des pratiques douteuses, on peut notamment citer : la publication massive et répétée d’un même article ou d’une même actualité en défaveur de Xbox, des journalistes qui prennent des positions ouvertement tendancieuses, une volonté trompeuse de ne pas afficher qu’un jeu multiplateforme sort également sur Xbox…
Ce ne serait pas aussi dramatique si IGN affichait publiquement une ligne éditoriale claire. IGN se veut un site spécialisé jeux vidéo mais s’étant ouvert sur d’autres arts : le cinéma, les séries, les comics ! Si un site spécialisé dans tous les comics venait à faire du parti pris pro Marvel au détriment de DC, nul doute que cela ferait grandement réagir. En fait, les préférences personnelles n’ont pas lieu d’être, ce n’est pas ce que recherchent les consommateurs. Mais, c’est sans doute plus vendeur d’être dans le trash, dans le drama et le communautarisme primaire que de faire un travail propre, sourcé et juste.
« Les missions de couverture sont gérées de manière à éviter tout conflit d’intérêts. » IGN
Rien que sur X, il y a déjà 4 comptes de personnels IGN qui sont problématiques : Ryan McCaffrey (rédacteur en chef), Dan Stapleton (Directeur des tests), Destin Legarie (directeur de l’analyse technique) et Kate Bailey (directrice des actus). Ces quatre individus ne vous disent peut-être rien, ils sont pourtant très actifs sur X et ont des places plutôt importantes sur un site comme IGN. Dès lors, des déclarations assassines et partisanes posent question : à un poste officiel Xbox disant « Xbox est la meilleure façon de jouer à Xbox », Dan Stapleton répondra « C’est aussi la pire façon possible de jouer à Xbox ». Des petites remarques dont il est coutumier. Tout comme il trouve normal que Spider-Man soit une exclue PS et que les jeux Xbox ne le soient pas.
De son côté, Ryan McCaffrey était très critique au sujet de l’exclu temporaire de Rise of the Tomb Raider, allant jusqu’à qualifier celle-ci de « victoire des fanboys ». De l’autre pour l’exclusivité FF16, il expliquera que c’est tout à fait normal. Kate Bailey, elle n’assumera pas vraiment son parti pris, puisqu’elle supprimera son tweet : « Sony aura une sortie majeure l’année prochaine. Je veux dire, ce n’est pas Xbox (smiley tête de mort) ». Quant à Destin, il est souvent très préoccupé par le narratif de la guerre des consoles. Tout en faisant croire qu’il est au-dessus de tout cela.
Maintenir l’esprit critique
Il y aurait encore fort à dire sur toutes les dérives journalistiques qui créent aujourd’hui, une part de défiance dans la parole des professionnels. L’ennui, c’est que le grand public boit comme du petit lait ce que de grands gourous annoncent. La course aux vues, aux clics, aux rumeurs sorties en avant-première nuit grandement à la santé des jeux vidéo. D’abord parce que cela génère de fausses attentes, des comportements toxiques envers les studios et les constructeurs. Mais également parce que cela biaise l’esprit critique. D’autre part, les vendeurs spécialisés se retrouvent face à une clientèle parfois en colère parce que persuadée d’avoir la bonne information.
Aujourd’hui, il faut prendre du recul sur la notion de journalisme de jeux vidéo et la pratique associée. Il est important de ne pas se limiter à une source d’information et/ou de tests. Il faut toujours se référer à des déclarations officielles et se faire sa propre opinion. Les influenceurs et la presse JV glissent de plus en plus dans l’« overreact » et le putaclic. Quant à la fiabilité d’un site comme Metacritic, là encore, il faut se garder d’y placer toute sa crédibilité. Ivan Gaudé de Canard PC disait déjà en 2012 que l’algorithme était secret et peu fiable. En bref, « Des centaines de millions de dollars dépendent de un dixième ou deux dixième de points Metacritic ».