On lui doit Dragon Ball, Docteur Slump, Sand Land, le chara design de Dragon Quest et de Chrono Trigger. Et plus que tout, on lui doit les piliers fondamentaux du genre Shōnen. Akira Toriyama est décédé le 1er Mars dernier.

Akira Toriyama est décédé des suites d’un oedème sous-dural à l’âge de 68 ans. C’est un communiqué de Bird Studio et de la Capsule Corporation Tokyo qui dévoile aujourd’hui la tragique nouvelle :

Une nécrologie est depuis disponible (en japonais) sur le site du magazine Shonen Jump. Les hommages de figures illustres du manga s’y succèdent. On y trouve ainsi Eiichirō Oda (One Piece), Yuji Horii (Dragon Quest) ou encore Masakazu Katsura (Tsubasa, Zetman).

Auteur prolifique au style graphique reconnaissable entre tous, Akira Toriyama est immensément respecté au sein de la sphère BD. Révolutionnaire de la culture manga et anime, il chamboule ces deux derniers avec son oeuvre phare, Dragon Ball. Il évoque ainsi ce lien tout particulier avec cette oeuvre en 2013 au sein du quotidien Asahi :

Pour moi, Dragon Ball est comme un miracle. Il a aidé quelqu’un comme moi, qui a une personnalité tordue et difficile, à faire un travail décent et à se faire accepter par la société.

Dragon Ball a littéralement codifié le genre Shōnen dans son incarnation la plus moderne. Détermination, esprit de camaraderie, dépassement de soi, soif d’aventures, passion aveugle pour la justice et le fait de croire en sa force et d’avoir le pouvoir de changer les choses, font parties des valeurs forgées depuis dans le marbre du genre. Dr Slump, son autre oeuvre phare, constitue sans doute l’un des avatars les plus éminents de l’humour à la japonaise. Mélange de grotesque, d’absurde, de non-sens, de grivois et un peu aussi de scato, les aventures rocambolesques d’Aralé et sa bande ont fait hurler de rire des générations. Toriyama c’est aussi le chara-design de Chrono Trigger, Dragon Quest et plus récemment du jeu vidéo Sand Land, sorti le 4 mars dernier hélas trois jours après sa mort.

One Piece, Naruto, One Punch Man, Zeitman, Fairy Tail, et bien d’autres doivent tous à l’oeuvre du maître. Universellement admiré et respecté à travers les générations, on le considère comme un génie à l’égal du mythe Ozamu Tezuka. L’accueil de son oeuvre est, on le sait, plus difficile en France au tout début en raison d’un choc culturel évident. Ce qui n’empêche pas notre pays de se convertir et de devenir le plus gros pays consommateur de mangas… après le Japon lui-même. La consécration et la reconnaissance viennent en 2013 lorsque Toriyama reçoit le Prix spécial du 40e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême pour l’ensemble de son œuvre. Il est par la suite nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par le ministère français de la Culture en 2019. Deux actions fortes qui cimentent d’avantage les très forts liens culturels entre la France et le Japon.

La mort dAkira Toriyama signe la fin d’une ère dans l’histoire de la BD mondiale. Il rejoint ainsi d’autres titans au firmament des étoiles éternelles du genre. Pour le monde de la BD, l’heure est à la tristesse et au recueillement. Mais il vit malgré tout à travers son héritage qui transpire dans les innombrables oeuvres qui lui ont succédé. Toriyama n’est plus parmi nous et Shenron ne pourra hélas pas nous le rendre. Mais son influence ne va clairement pas s’arrêter de perdurer. Adieu, Toriyama-San et merci pour tout.