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Open Roads est développé par Open Roads Team (dont c’est le premier jet) et édité par Annapurna Interactive. Il est paru le 28 mars dernier sur Xbox Series, PS4, PS5 et PC. Le jeu s’annonce comme une histoire familiale au doux parfum d’enquête. En 2020, l’INSEE notait qu’une famille sur quatre était monoparentale. La douloureuse question des divorces et séparations est toujours d’actualité. La rupture fait partie des aléas de la vie. Parfois, elle est la résultante d’une multitude de facteurs. D’autres fois, elle s’avère inévitable. Open Roads amène une mère célibataire et sa fille adolescente à parcourir les routes, suite à la vente de la maison familiale. Quand le passé fait écho au présent, certaines révélations ébranlent alors nos certitudes.

Pour ce test, nous avons joué à la version Steam, à l’aide d’une manette Xbox. À noter qu’une manette PS est également envisageable.

Du déménagement au Road Trip !

La famille Devine traverse une période complexe, celle du deuil. Opal et sa fille Tess ont perdu respectivement leur mère et leur grand-mère. Suite à ce décès, la maison de la défunte est vendue. L’aventure commence alors dans la chambre de Tess, adolescente américaine de 16 ans typique des années 2000.

La jeune fille fait ses cartons, il faudra bientôt libérer la maison. Tout aurait pu s’arrêter là si la tante August n’avait pas ardemment désiré récupérer un bouquin. En fouillant le grenier, Opal et Tess découvrent donc un mystérieux journal intime. Il semblerait que Helen, cette espiègle grand-mère, n’ait pas révélé tous ses secrets. Qui était donc cet homme avec qui elle correspondait ?

Tess finit par convaincre sa mère de rejoindre le mobile home familial, héritage d’un temps révolu. Derrière une banale omission de famille se dessine un sombre passé. Cette enquête en duo est l’occasion d’explorer la séparation conjugale et les liens mère-fille : entre tensions, incompréhension et complicité. L’enquête familiale tarde à se mettre en place mais, une fois établie, elle suscite la curiosité.

Open Roads bien conservé

Tess et Opal, portées par de vraies actrices

Commençons par souligner la prestance de la mère et de la fille. En effet, des actrices de talent doublent les deux personnages principaux. Kaitlyn Denver (Unbelievable, Uncharted 4: A Thief’s End et prochainement The Last of US S2) est la voix officielle de Tess. Elle lui apporte l’énergie débordante et la naïveté poignante de la jeunesse. Opal est incarnée par Keri Russell (Felicity, The Americans, La Diplomate) grâce à qui la lassitude et l’exaspération sont palpables. Le jeu n’étant disponible qu’avec les voix originales (mais avec sous-titrage), les performances sont aussi notables que saisissantes. C’est une plus-value indéniable dans une fiction narrative. L’immersion est à son paroxysme.

Un duo attendrissant

Les dialogues sont le fer de lance du jeu, beaucoup d’éléments reposent dessus. Si Open Roads n’était pas illustré et ne procurait pas des phases d’exploration 3D, il aurait pu être qualifié « d’aventure textuelle ». Jadis, c’était ainsi que les fictions narratives étaient étiquetées. Les échanges entre la mère et la fille vont des banalités, à l’évocation de souvenirs en passant par l’expression d’émotions plus intimes. Chacun peut se retrouver un peu (ou beaucoup) dans leurs souvenirs, leurs explications ou leurs doutes. Opal et Tess forment un duo du quotidien et de la vie concrète. À contrario, la relation père/fille repose sur des promesses et des projections hasardeuses dans l’avenir. Open Roads partage avec le joueur des tranches de vie et nous rappelle combien les sentiments sont universels.

Les deux héroïnes sont dessinées à la main avec une apparence distinctive. Tess est une petite brune, au sourire malin et aux yeux pétillants. Elle arbore une coupe de cheveux particulière avec deux petits chignons. Et surtout, elle porte un bomber coloré, à l’image des universités américaines et autres campus. Opal, quant à elle, est une femme à la quarantaine bien tassée. Élégante et attrayante, Opal est reconnaissable parmi mille avec sa mèche blanche, bien visible. Les deux femmes ne sont que partiellement animées. Pendant les dialogues, les visages et corps sont fixes. Cependant, à chaque changement de propos et d’émotion, les dessins évoluent pour mieux enrichir l’état d’esprit du personnage. Ce choix peut dérouter au début, mais il est tout à fait acceptable et ne nuit pas à l’implication du joueur.

Open Roads ta tante

Et le gameplay dans tout ça ?

Soulignons d’abord qu’Open Roads s’identifie à une fiction narrative et plus généralement à « une aventure road-trip entre mère et fille ». L’éditeur Annapurna, sur sa page officielle, insiste sur la nostalgie du voyage en voiture avec l’indispensable autoradio. Au début des années 2000, il n’y avait effectivement pas tout ce débordement de technologie. Le téléphone portable restait très sommaire, sans internet et sans réseaux sociaux.

Les déplacements en voiture permettaient donc plus d’interactions, de conversations et de partages. Impossible de se réfugier dans la bulle solitaire du téléphone tout-en-un. Entre deux lieux d’enquête, Open Roads nous replonge indéniablement dans une certaine mélancolie d’époque. Celle du Tamagotchi, du téléphone à clapet, des vidéoclubs, des posters, des premiers DVD, des annuaires, des journaux intimes…

Dans chaque environnement que vous traversez, les objets peuvent être attrapés et contemplés. Lorsqu’il est question de documents, de cartes ou de paperasses, vous avez la possibilité de les lire. Le studio Open Roads Team a apporté un soin manifeste à la modélisation de toutes ces babioles du quotidien. Un soin assumé et volontaire qui s’appuie sur la notion du souvenir. Un objet, une pensée. L’esprit humain est ainsi fait. D’ailleurs, ce ne sont pas tant les souvenirs d’Opal ou Tess, mais également ceux du joueur. Et chacun aura des références et des émotions différentes, selon son vécu et son expérience personnelle.

Open Roads voiture

Interactif mais pas de trop

Open Roads vous invite à l’exploration et le schéma est quasiment toujours le même. Tess évolue dans un lieu, découvre un objet digne d’attention et lance un « hey, maman ». S’ensuit alors un dialogue entre la mère et la fille. Vous choisirez l’une des trois réponses que Tess peut formuler. Dommage ceci étant que la réponse n’ait pas un véritable impact dans le jeu ! À la manière d’un walking simulator (simulateur de marche), Open Roads propose une balade contemplative, il n’y a pas de puzzles, d’énigmes ou de casse-têtes.

Open Roads fait la part belle entre les personnages dessinés et des environnements 3D. Les lieux traversés et la voiture sont plutôt réalistes avec des détails appréciables pour plus d’immersion. Du côté de la bande-son, la musique est plutôt discrète. En revanche, tous les sons du quotidien sont reproduits et délivrent ainsi une ambiance crédible. Open Roads est une expérience vidéoludique plutôt courte, comptez 3h en prenant le temps. Ce rapport prix/durée peut en rebuter plus d’un puisque le jeu est en vente à 19,99 euros. Sans être un chef-d’œuvre contemporain, Open Roads est une proposition convenable à tenter à l’occasion.

Open Roads se montre clivant à bien des d’égards. La direction artistique mêlant 2D fixe à une 3D réaliste ne plaira pas à tout le monde. Le gameplay tenant plus du walking-simulator que d’une narration interactive peut également en dissuader plus d’un. Cependant, si vous aimez les enquêtes intimistes et les relations mère/fille, le jeu devrait vous parler. Il faut prendre Open Roads pour ce qu’il est : le partage d’une tranche de vie autant présente que passée.