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Senua est de retour avec Senua’s Sacrifice : Hellblade II ! Après une gestation de sept années, le nouveau magnum opus des Studios Xbox vient répandre sur le monde du jeu vidéo un voile de ténèbres et de folie. Outre sa technique ultra léchée et son ambiance de Dark Fantasy extrêmement brutale, ce nouveau cru de Ninja Theory continue également son exploration du thème de la psychose propre au premier épisode. Reste à savoir si cela suffit à faire de lui un bon jeu ! Réponse ci-dessous !
En 2017, Ninja Theory dégainait Hellblade : Senua’s Sacrifice, un jeu mettant en scène Senua, une guerrière Celte. Celle-ci se rendait alors dans le Helheim scandinave dans l’espoir d’y ressusciter son bien-aimé Dillion. Particularité : Senua est une gelt, une guerrière frappée de folie. Elle entend des voix qui commentent ses gestes et la poussent à agir à chaque situation. Sauf que le studio ne souhaitait pas en faire une sorte de super pouvoir. Le traitement de la psychose était réaliste et le fruit d’une collaboration étroite avec des laboratoires de neuroscience. L’actrice qui incarnait Senua, Melina Juergens, convoquait également ses terribles expériences personnelles pour livrer une prestation d’une puissance folle. En bref, un coup d’éclat qui avait reçu tous les suffrages. On ne pouvait donc qu’espérer retrouver notre guerrière dans un nouvel opus. C’est désormais chose faite et Senua’s Sacrifice : Hellblade II compte bien nous replonger dans l’horreur et la folie.

On retrouve donc Senua bien décidée à libérer son peuple de l’esclavage imposé par les Nordiques. Elle se laisse pour cela volontairement capturer par ses ennemis afin de mieux pouvoir les infiltrer. Alors qu’elle est convoyée sur un navire par des esclavagistes, une tempête frappe et la précipite sur les côtes islandaises. À son réveil, elle se retrouve sur une terre en proie à des hordes de Draugars, des guerriers d’une violence et d’une sauvagerie inouïes. Toujours guidée par ses voix et ses hallucinations, elle entreprend une quête pour libérer ces terres des ténébreuses menaces qui la gangrènent. Mais cette sanglante odyssée ne sera pas sans révélations pour elle.

J’ai pu jouer au jeu sur mon PC équipé d’un i7 10700k, de 16Go de RAM à 3200Mhz ainsi que d’une carte graphique RTX 3070. Globalement le jeu tourne à merveille et de façon fluide dans les résolutions HD et 2K si tant est que vous dégainiez le DLSS en cas d’utilisation du ray-tracing. En 4K, en revanche, avec ce genre de configuration, vous devrez vous résoudre à sortir le DLSS en mode performance voire ultra performance. Hellblade II est clairement taillé pour des cartes de la gamme RTX 40XX. Rappelons à toutes fins utiles que le jeu recommande une RTX 4080 ! Il vous faudra bien ça pour profiter au maximum du jeu dans toute sa splendeur. D’autant plus que celui-ci s’accompagne d’un mode photo très complet qui vous permettra de sortir des screenshots magnifiques !
Car en effet, disons-le cash, ce jeu écrase absolument toute la concurrence sur le plan technique. Le premier épisode avait déjà tapé extrêmement fort sur ce plan, notamment au niveau des animations faciales. Avec ce second cru, Ninja Theory achève d’enfoncer le clou définitivement. Cherchez partout ailleurs, vous ne trouverez aucun jeu qui affiche des expressions faciales aussi réalistes. Pourtant on pouvait constater certaines prouesses en la matière dans d’autres jeux. God of War : Ragnarök tapait assez fort dans ce domaine. Mais malgré tout l’amour que je porte à Kratos, il est indéniable que Senua’s Sacrifice : Hellblade II est le nouveau standard en la matière.

On retrouve évidemment pour l’occasion l’incroyable Melina Juergens dans la peau de Senua. Une actrice qui, comme elle l’a souligné, porte elle aussi son lot de traumatismes. Elle n’a d’ailleurs pas hésité à invoquer leur terrible souvenir pour transcender son jeu. Il en résulte une interprétation d’une puissance inouïe dans son authenticité. Sachez-le, quand Senua pleure ou est en proie à la panique, Melina Juergens le fait véritablement ! Le résultat est tout simplement une gigantesque gifle ! Un tour de force qui doit aussi à la puissance d’un Unreal Engine 5 dans toute sa splendeur : il tire parti des technologies MetaHuman et 3Lateral. Ainsi, le plus infime tressaillement musculaire sur le visage des personnages est retranscrit avec une précision telle qu’on ne sait plus si on à affaire à l’Unreal Engine 5 ou un insert en prise de vue réelle. Et pourtant, on y est : le photoréalisme est là.

Mais il ne faut pas oublier non plus les décors tout simplement sublimes. Une beauté qui doit à la technique de photogrammétrie employée pour reproduire une géographie extrêmement précise de l’Islande Médiévale. Chaque environnement du jeu resplendit à l’écran. Mais c’est aussi la mise en scène incroyable qui contribue à cette atmosphère si particulière. Le jeu est une sorte d’interminable plan-séquence dont chaque cinématique vous convie à un grand moment de cinéma. Certains plans sont absolument exceptionnels de beauté et surpassent tout ce qu’a pu faire le premier épisode. Ninja Theory prouve ici sa maîtrise absolue de la cinématographie et fait alterner des moments d’une brutalité absolue avec des instants de contemplation d’une grande poésie. Senua’s Sacrifice : Hellblade II , c’est tout simplement des montagnes russes émotionnelles sur le plan visuel ! Léger bémol cependant : le format letterbox imposé.

Le son n’est pas en reste et si vous pensez que vos yeux sont les seuls qui vont saigner, détrompez-vous ! La musique est déjà en partie assurée par le groupe de folk expérimental Heilung. Percussions furieuses et sons gutturaux accompagnent les scènes de combat pour leur conférer une sauvagerie tribale qui vous donnera envie de prendre votre lance et de mener un raid dans le jardin du voisin. Le son a aussi bénéficié d’un travail d’orfèvre pour vous plonger au cœur de l’action. Pour l’occasion, la technologie binaurale signe son grand retour. Vous retrouverez donc ce petit frisson qui vous parcourt l’échine alors que les voix de Senua donnent l’impression de chuchoter à votre oreille ! Casque évidemment conseillé pour profiter au mieux de l’effet ! Alors bien sûr, seul le doublage anglais est disponible mais au vu de l’interprétation incroyable des acteurs, le choix se justifie amplement !

Reste la question qui fâche : quid du gameplay? On se souvient que le premier épisode mélangeait résolution d’énigmes et combats furieux mais restait assez simpliste. Pour ce second épisode, les runes signent leur retour. Mais vous pourrez aussi vous amuser à quelques reprises à jouer avec la géographie des lieux pour dégager des chemins. Rien de très compliqué là encore cependant. Le jeu reste également linéaire donc n’espérez donc pas vous trémousser dans un immense open world. Toutefois, il reste possible de vous écarter un peu des sentiers battus. Ce léger volet exploration vous récompensera avec quelques visages à trouver dans les paysages ainsi que des récits mythologiques à savourer !

Les combats quant à eux évoluent légèrement et sont un peu plus techniques que dans le premier épisode. La parade et l’esquive deviennent ainsi des éléments déterminant au cours de vos affrontements. Vos ennemis quant à eux ne se contentent plus d’encaisser vos coups. Vous pourrez aussi faire appel à des contre-attaques si vous parez les armes de vos ennemis au bon moment ! On sent cependant que là aussi la mise en scène a été privilégiée par rapport au gameplay en lui-même. Enfin, il faut souligner une durée de vie très courte. Une poignée d’heures suffira en effet à mener à terme la quête de Senua.

Quant à l’histoire, on retrouve évidemment ce mélange de mythologie scandinave et de quête personnelle. L’introduction de nouveaux personnages apporte une nouvelle dynamique au récit même si cela contribue peut-être à le rendre un peu moins personnel. Et si on retrouve évidemment la terrible galerie des démons intérieurs qui rongent notre héroïne, son attention est désormais tournée vers les menaces qui planent sur l’Islande. Les enjeux de sa quête n’empêchent cependant pas quelques moments où elle se confronte à des choix difficiles. Avec toute la batterie de thèmes forts qui vont avec que je vous laisse le soin de découvrir pour ne pas trop en dire sur l’histoire du jeu. À ce sujet il convient de noter qu’il sera utile de faire le jeu deux fois pour mieux saisir toute le travail psychologique effectué ! Pensez également à (re)passer par le premier volet histoire de vous (re)mettre dans le bain !

La grosse erreur à faire serait d’aborder Senua’s Sacrifice : Hellblade II comme une sorte de God of War au féminin. Or, ce second cru des aventures de Senua est avant tout une expérience narrative incroyablement puissante. Certes vous n’aurez pas d’équipement à gérer, de statistiques à gonfler et le gameplay n’a guère évolué depuis le premier opus. Sans compter qu’il est très court. Mais, durant cette poignée d’heures, vous vivrez une expérience d’une beauté technique sans égale, menée tambour battant par une Melina Juergens en état de grâce. Senua’s Sacrifice : Hellblade II est un témoignage spectaculaire et puissant qui rappelle que le jeu vidéo est bien un art à part entière et convoyeur de messages forts. Un incontournable à faire au moins une fois dans sa vie !