UbiSoft dans la tourmente !

L’embellie qu’UbiSoft espérait n’aura pas eu lieu. Le studio se retrouve en conséquence dans une situation des plus difficiles. Bouleversements à l’horizon !

Il n’y aura donc pas d’effet Star Wars Outlaws. Le dernier gros jeu d’UbiSoft sur la saga Star Wars n’aura pas rencontré le succès escompté. Si les notes du jeu sont plutôt bonnes, elles sont loin d’atteindre l’excellence. De plus et en dépit d’un budget supérieur de 30% à Assassin’s Creed Mirage, Outlaws affiche des ventes inférieures de 15% à ce dernier. Pour le coup les prévisions de vente ont été revues à la baisse (on prédit 5,5 millions d’exemplaires écoulés pour mars 2025 au lieu de 7,5). La dégringolade s’est poursuivie hier. Avec l’annonce du report d’Assassin’s Creed Shadow, l’action d’UbiSoft affiche une nouvelle chute de 19%. Au total, celle-ci vient de perdre pas loin de 80% de sa valeur en l’espace de 5 ans.

Côté actionnaire, le temps est maussade et on parle de vendre le studio dans les couloirs. La Deutsche Bank y va également de son petit grain de sel, conseillant de « conserver » les titres UbiSoft au lieu de les acheter :

Ubisoft devra peut-être envisager des mesures stratégiques plus importantes pour redresser la barre. Il pourrait s’agir, par exemple, de fermer des studios peu performants et d’annuler des projets malheureux le plus tôt possible.

Dans un contexte de grave crise pour le jeu vidéo, ce commentaire fait évidemment grincer des dents chez les employés. Peu de surprise chez eux mais du feu nourri pour la colère qui les secoue. On le sait depuis un moment, les conditions de travail ne sont pas les meilleures chez UbiSoft. De multiples scandales émaillent la boîte. Rappelons à toutes fins utiles que trois ex-cadres supérieurs du studio doivent passer au tribunal en mars 2025 pour harcèlement moral et sexuel : Serge Hascoët, l’ex gourou créatif d’UbiSoft, Thomas François, ancien vice-président du service éditorial et Guillaume Patrux, ancien Game Director (harcèlement moral uniquement dans son cas).

Assassin’s Creed Shadows est quant à lui l’objet d’une importante campagne de haine de la part de groupuscules « anti-woke ». Beaucoup reprochent en effet l’utilisation d’un afro-américain pour incarner un samouraï dans le Japon médiéval. Souvent issus de l’extrême-droite ou des milieux ultra-conservateurs, ces commentateurs sont souvent notoires pour diffuser une intense propagande anti DEI (Diversité Équité Inclusion). Le Japon n’est pas en reste et le jeu soulève l’indignation nationale sur les réseaux sociaux. Des actions coup de poing qui ont poussé UbiSoft à se fendre d’un communiqué d’excuse tout en défendant sa vision.

Bref, entre la déception d’Outlaws et le report soudain d’Assassin’s Creed Shadows, l’heure est à la déception et à la critique. Marc Rutschle, délégué de Solidaires Informatiques chez Ubisoft Paris, revient sur la situation :

Cette année devait reposer sur ces deux jeux-là. Ce qui est étonnant c’est que la direction n’ait pas anticipé le retard de production d’Assassin’s Creed et le découvre au dernier moment. Ça soulève des questions.

UbiSoft est d’ailleurs de nouveau la cible d’un mouvement de grève. La direction exige en effet des employés un retour en présentiel pour au moins trois jours. Une décision qui affecte les employés qui ont revu en profondeur leur rythme de vie lors du confinement pour l’adapte au télétravail. Là encore le syndicat prend la défense des employés :

Après plus de cinq ans de travail efficace dans le contexte actuel du télétravail, nombre de nos collègues ont construit ou reconstruit leur vie (vie de famille, logement, parentalité, etc.) et ne peuvent tout simplement pas revenir aux conditions de travail antérieures.

Le jeu vidéo subit depuis 2023 les retombées de la crise du COVID entre licenciements massifs et plans de restructurations. Rien que pour l’année 2024, on compte plus de 12 700 licenciements dans le secteur. L’inquiétude est réelle chez UbiSoft France où ce sont 4 000 emplois qui sont en jeu. Le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo vient de publier un communiqué listant les revendications des salariés :

Un accord formel sur le télétravail issu d’une véritable négociation entre direction et syndicats, et non d’une décision arbitraire prise en amont plusieurs mois à l’avance. Qui garantisse à chaque personne de pouvoir choisir librement le nombre de jours à distance et leurs dates, décomptés au mois et non à la semaine.

Une augmentation immédiate de tous les salaires, en compensation de la baisse de notre niveau de vie de ces dernières années. Le rétablissement de l’intéressement à 60% des objectifs. La fin de l’inégalité salariale de genre et l’augmentation plus accrue des bas salaires.

La prise en compte réelle des avis des employé·es par la mise en place d’un dialogue social digne de ce nom par la direction d’Ubisoft, qui semble confondre dialogue et monologue.

Le temps est donc à l’orage pour UbiSoft et les paris pour l’année 2024 n’auront donc pas payé. Entre les déceptions, les reports et les crises en interne, le studio français vit sans doute sa pire heure depuis son existence. On ignore comment celui-ci compte redresser la barre, mais nul doute que le temps est compté. Assassin’s Creed Shadows ne suffira probablement pas à lui seul à redresser la barre. UbiSoft devra sans doute, hélas, passer par des solutions radicales pour redresser la barre. Reste à savoir quelle forme elles prendront…

 

Gordon Frenchman

Explorateur de mondes, virtuels, littéraires et bien d'autres.

Related Posts

Forest Floor amène l’esprit Pikmin sur PC !

Forest Floor, le premier titre de Megatherium, amène ses propres Pikmins sur nos PC ! C’est dans la plus totale discrétion que le studio Megatherium vient de révéler Forest Floor…

Phasmophobia présente Cursed Hollow, son prochain event !

Préparez le sel, nettoyez l’objectif de la caméra, décrasser les haut-parleurs de la Spirit Box. Phasmophobia s’apprête à recevoir son prochain event : Cursed Hollow !  Les chasseurs et chasseuses…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.