Le Figaro vient d’annoncer que Microids allait fermer son studio parisien et licencier l’ensemble de ses employés.

Et voilà. Pas de passation de pouvoir sans que les employés payant le prix fort. C’est un peu hélas la norme en ce moment alors que la crise contribue de frapper l’industrie du jeu vidéo. La récente passation de pouvoir entre l’ex-PDG du studio Stéphane Longeard et son nouveau dirigeant actuel, Michael Sportouch annonçait une nouvelle stratégie marketing pour Microids. Il faut dire que la réputation du studio n’est plus à faire mais hélas pas pour le mieux. En fait, la marque a tendance à rimer avec « produits de qualité médiocre ». Les derniers échecs notables du studio comme Tintin et les Cigares du Pharaon, Flashback 2 ou encore XIII.

Des échecs qui relèvent surtout des conditions de travail au sein du studio. On se souvient encore des témoignages qui dénonçaient les méthodes de la partie exécutive du studios. Un article de Tech&Co donnait la parole aux employés fin juillet et évoque un total décalage entre développeurs et personnel de la direction. Ainsi au sujet de Flashback 2 :

On a sorti [Flashback 2] sous la contrainte, après plusieurs reports internes, une version qui était insortable. On savait qu’on allait se faire allumer. Lorsque le jeu est arrivé, on s’est fait incendier, personne n’a vraiment bougé le petit doigt. Pas même Paul Cuisset (NDLR : créateur de Flashback et superviseur du projet).

Heures supplémentaires, multiplicité des projets et toxicité,… Le dur combo d’un studio en état d’asphyxie comme l’indiquent ces multiples témoignages :

  • Un chef d’équipe : Il n’y a pas de période de véritable repos. On a constamment un projet sur le feu et les heures supplémentaires, qui ne sont pas toutes récupérées, s’allongent. Tout le monde est épuisé.

  • Un salarié :  C’est une super boîte, mais on est épuisé. Il faut que la direction le comprenne. On ne peut pas continuer comme ça éternellement, ou on va finir pressés comme des citrons.

  • Un ex chef de projet : Les talents sont là, la passion aussi, mais l’épuisement professionnel peut vite se transformer en toxicité, » lâche, désabusé, un ancien chef de projet de Microids, « s’ils continuent, ils vont avoir une perte de connaissance terrible, et vont créer un environnement toxique

Par la suite, Libération se fait à un nouveau l’écho de ces conditions de travail en 2024. Hélas, Microids Studio Paris n’y survivra pas et va fermer ses portes d’ici le prochain été. Au total, ce sont une trentaine de salariés qui vont devoir prendre la porte. Une décision qui fait écho à la nouvelle stratégie de Media-Participations, actuel propriétaire du studio. En effet, les jeux familiaux et un rythme de sortie plus espacé est au coeur de cette dernière. Ces informations sont notamment rapportées par le Figaro. Tous les projets actuels du studio sont donc annulés. Seul le remake de l’Amerzone aura le droit à une sortie, toujours confirmée pour le 24 avril. Il sera donc le tout dernier titre du désormais défunt studio à sortir dans les étals. Quant au devenir des employés, le CSE élabore un projet de sauvegarde d’emplois.

Fin de la partie pour Microids Studio Paris donc. On ne peut qu’espérer que la trentaine de salariés pourra rebondir dans l’industrie. Et surtout retrouver un environnement de travail sain. Quant à Microids, il reste encore le studio de Lyon, créé en 2021. Celui-ci n’est dans l’immédiat pas menacé. Mais n’est peut-être pas à l’abri d’une potentielle restructuration. Tout dépendra de l’ampleur du plan de la nouvelle direction. Affaire à suivre.