
C’est une bien triste nouvelle qui frappe aujourd’hui le monde de l’animation japonaise. Gainax, le studio à qui on doit la mythique série Neon Genesis Evangelion vient de faire faillite.
C’est sur le site officiel du studio que la nouvelle est apparue. Gainax vient en effet de déposer une requête en faillite auprès du tribunal du district de Tokyo. Ce dernier vient de la valider, marquant de ce fait l’acte de décès du studio. Un avis illustre désormais sa page d’accueil. Gainax est principalement connu pour la série Neon Genesis Evangelion qui a marqué sa génération. Elle demeure aujourd’hui une des oeuvres les plus légendaires en provenance de l’archipel. Cette décision survient après de nombreuses années de déboires financières. Le communiqué de Gainax revient longuement sur les circonstances ayant mené à ce dépôt de bilan.
Après la sortie d’Evangelion en 1995, les cadres exécutifs du studio mentent sur le succès de ce dernier afin d’esquiver le fisc. Ils se font cependant rapidement rattraper, condamner et emprisonner pour avoir dissimulé 1.56 milliards de yens (environ 9.2 millions d’euros). La descente aux enfers démarre alors, le studio Gainax enchaînant les déboires. De nombreuses entreprises poursuivent le studio pour des questions d’ordre financière. En 2016, c’est le Studio Khara, fondé par le co-fondateur de Gainax et créateur d’Evangelion, Hideaki Anno qui poursuit le studio. Celui-ci est contraint par le tribunal de Tokyo à rembourser un prêt de 100 millions de yens (591 100€). En 2019, le directeur Tomohiro Maki est arrêté pour actes indécent à l’encontre d’une doubleuse mineure et écope de deux ans et demi de prison. Pour Gainax, les exécutifs ont traité le studio comme leur propre propriété privée.
Le studio Khara quant à lui, lié en partie à Gainax, a commenté cette annonce. Il rappelle qu’ils étaient au courant de la direction lacunaire des finances au sein du studio bien qu’ils aient continué à travailler avec. Cependant, suite à l’arrestation de Maki, Anno, fondateur de Khara, rassemble Kadokawa, King Record et le studio TRIGGER. Le but : prévenir tout dommage à la réputation d’Evangelion et d’autres oeuvres. Des représentants de ces compagnies s’emparent alors des fauteuils du conseil d’administration de Gainax pour redresser la barre. Hélas, ils arrivent trop tard pour sauver le studio comme le communiqué l’explique :
Afin de rétablir la confusion découlant des fautes commises par l’ancien directeur représentatif, l’équipe de direction a été renouvelée en février 2020 avec le soutien bienveillant de Colour Co. Ltd, qui est également un créancier, et des efforts ont été déployés pour confirmer les divers documents laissés par la nouvelle structure et examiner la situation réelle. Il découle que nous avons découvert que la société avait emprunté une grande quantité d’argent auprès d’institutions financières, qu’elle n’avait pas respecté ses obligations envers les sociétés du secteur de l’animation et qu’elle avait vendu ou transféré la propriété intellectuelle et les matériaux de travail aux sociétés et aux personnes faisant partie des cadres de gestion et d’exploitation susmentionnés sans l’autorisation des ayants droit, et nous avons commencé à normaliser ces faits. Avec la coopération de Colour et des directeurs de la nouvelle structure, nous avons travaillé avec les sociétés avec lesquelles nous avons coopéré pour confirmer les droits des principales œuvres, protéger les droits des artistes et des créateurs, et gérer et exploiter la propriété intellectuelle et les matériaux qui étaient dissipés, afin de permettre aux comités de production et à d’autres organismes d’exploiter les œuvres à l’avenir. En outre, le niveau élevé de la dette accumulée sous le régime précédent n’a pas pu être comblé. En mai de cette année, l’entreprise a été poursuivie par une société de recouvrement de créances dans le cadre d’une action en revendication de créances, et il a été décidé qu’il serait difficile de poursuivre les activités, de sorte qu’elle a déposé le bilan.
Clap de fin pour Gainax qui paye donc les décisions frauduleuses et erreurs de ses dirigeants. La situation ne surprend guère mais on ne peut que déplorer qu’un studio aussi légendaire achève sa carrière sur une note aussi tragique. Pour ce qui est de la marque, elle ainsi que les oeuvres associées sont désormais la propriété du studio Khara. Ce transfert ramène Evangelion dans les mains de son créateur d’origine.